Raymond Depardon, entretien avec Raymond Caujolle

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Le photographe et cinéaste français se raconte devant le fondateur de l’agence photographie VU. Rencontre passionnante, rendue possible par l’émission de France culture, « A voix nu ».

Raymond Depardon a tout d’un taiseux. De ceux qui contemplent quand les autres occupent la place par gout ou intension à peine voilée. Raymond Depardon, lui, se tapit.

C’est pourquoi, on s’étonne presque de le voir se livrer ainsi. Dialogue thématique.

Retour sur une enfance campagnarde d’abord. Pas ou peu d’images. Une famille toute entière tournée sur les travaux de cette ferme de la Saône. Depardon s’y décrit comme un enfant silencieux, heureux, « sauvage ». Son premier appareil, il le dérobe à son frère. Début.

Son arrivée à Paris pour devenir apprenti.  Son travail pour la presse, sportive notamment. « Je ne vivais pas d’amour et d’eau fraiche, mais je vivais d’amour et d’espoir ».

Sentiment que tout file, à une vitesse démesurée. Déjà, il part en Mauritanie, puis à Moscou, au Vietnam… Raymond Depardon est partout. Appareil au poing.

Deux regrets pourtant. Il s’attarde trop peu sur la fondation de l’agence Gamma. Soudain, l’homme redevient silencieux ; Glissant sur des noms comme ceux de Robert Henrotte ou Gilles Caron. Des blessures, visiblement. L’expérience avait pourtant tout d’une passionnante aventure.

Autre regret. La posture du photographe. Moralisateur à ses heures, souvent prédicateur. L’homme apparaît vieux et obstiné. Désagréable.

Mais qu’importe. De fait, Raymond Depardon avait un sens. Celui d’abord de bien s’entourer. A l’image de son contradicteur du moment, Raymond Caujolle. Celui qui sera à l’origine du feuilleton new-yorkais de Depardon publié dans le journal Libération.

Mais il sut aussi s’entourer de ses convictions. Chevillées au corps. Celles qui l’ont guidé vers l’édition ou le cinéma. A sa manière, toujours.


Raymond Depardon, l'être photographe.
Entretiens avec Chrisitan Caujolle
Editions de l'aube
8,90 €

Publié dans Edition

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